1 févr. 2007

le smiley par Michel Marcoccia


Les smileys (ou emoticons) sont bien connus. Il s’agit de combinaisons de caractères permettant de
représenter de manière schématique (si on les incline à 90 degrés) des mimiques faciales comme des
sourires, des clins d’oeil, des moues de colère ou de tristesse. Les smileys sont très souvent utilisés
dans les forums de discussion et sont même rassemblés dans des petits dictionnaires, comme celui de
Sanderson. Par leur nature, on peut assimiler les smileys à des pictogrammes. On peut aussi noter que
la combinaison de signes graphiques pour former un symbole figuratif de mimique faciale repose sur
un principe comparable à la combinaison de kinèmes en kinémorphèmes, telle qu’elle est exposée dans
la théorie de Birdswhistell (voir Cosnier & Brossard 1984).
A la suite de Wilson (1993) ou de Mourlhon-Dallies & Colin (1995), on peut faire relever diverses
fonctions des smileys (cf. Marcoccia 2000b) :
- Un smiley peut être expressif : il sert à décrire l’état d’esprit du locuteur (la joie, la colère, la
tristesse).
- Le smiley peut être une aide apportée au destinataire pour qu'il puisse aisément interpréter les
énoncés. On peut parler de smiley interprétatif. Le smiley « clin d'oeil » a généralement cette
fonction car il permet de lever les ambiguïtés des énoncés ironiques ou humoristiques.
- Le smiley permet au locuteur d'indiquer la relation qu'il désire instaurer avec son lecteur.
Utiliser un smiley « souriant » peut être ainsi à la fois une manière d'exprimer son émotion et
de donner une tonalité particulière à l'échange.
- Le smiley est aussi un procédé de politesse, un moyen de désamorcer le caractère offensant
d'un message (un softener dans la théorie de Brown et Levison).

L’analyse de différents corpus montre que ces quatre fonctions en sont pas exclusives (un même
smiley peut avoir plusieurs fonctions) et qu’il n’existe pas de smiley qui serait « spécialisé » dans une
fonction. Les smileys ne renvoient donc pas qu’à des conventions stylistiques et on peut effectivement
rapprocher ces quatre fonctions de celles du non verbal et du paraverbal dans la communication en
face à face. La fonction expressive du non verbal et du paraverbal se fonde sur l'expression faciale des
émotions de base (décrites par Ekman 1993). La fonction interprétative du non verbal renvoie à ce que
Cosnier, par exemple, appelle la « mimogestualité connotative », qui participe à la constitution et à
l'interprétation des énoncés. Par ailleurs, la communication non verbale et paraverbale contribue
toujours au maintien de la relation et à la synchronisation interactionnelle (par le rôle des régulateurs,
par exemple).

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