23 juil. 2009

Mode connecté




En s’appuyant sur les usages observés en France, Dominique Cardon et Fabien Granjon ont exploré en 2002 les approches de la communication par réseau. Leur article pose la question de savoir si les pratiques culturelles et de loisir peuvent expliquer les pratiques de communication ? Cette approche par réseau permet de comprendre plus finement les liens qui unissent les pratiques culturelles du jeune adulte Nathan et ses manières d’échanger avec les différents groupes de son espace relationnel. La méthode utilisée dans l’étude de ces deux auteurs est celle des carnets de sociabilité qui permet d’articuler deux grandes « techniques » de différenciation des publics : celles qui privilégient les contenus et celles qui s’attachent à objectiver des pratiques empiriques. L’approche vise à cartographier plus finement les usagers des outils de communication en intégrant les contenus culturels. Avec les individus du groupe que Nathan considère comme ses meilleurs amis, l’étude montre que les relations s’organisent par des rencontres en face-à-face. Mais l’originalité de l’analyse porte sur un point de vue nouveau autour du développement des pratiques de communication. L’étude montre que le réseau de sociabilité s’organise aussi par la téléphonie mobile. Les modes de communication sont soit vocales soit écrites. Le groupe échange également par le courrier électronique. Le réseau de sociabilité de Nathan s’étend à la sphère des internautes.


L’étude présente que dans ce type de relation, les contacts sont tous électroniques avec une place importante accordée à - tenue par - la messagerie instantanée. Outre l’âge, le fait d’être seul au foyer est également un facteur important dans l’usage des pratiques de communication comme la messagerie instantanée et le chat. Dans Réseaux n°113, daté de 2002, Christian Licoppe observe que le fait d’avoir du temps disponible favorise, d’une manière générale, les échanges communicationnels en « mode connecté ». Les messageries instantanées comme ICQ et le messager de Voilà, sont des produits qui offrent ce service de communication utilisé pour écrire et converser en quasi-synchronie avec le correspondant de son choix.


Sur les analyses des principaux outils de communication basée sur l’Internet semblable aux deux cités ci-dessus, Valérie Beaudouin, dans son article de 2002, s’applique à la confection des profils d’internautes et de l’évolution des usages. Le chercheur constate qu’au sein d’une offre riche et diversifiée, tant du point de vue des contenus, des services que des outils de communication, les trajectoires des usages sont très variables selon les profils des internautes. L’analyse rend compte du constat que les usages sont le fruit d’un ajustement serré, rapide et constant entre offre et demande. L’étude se développe sur un ensemble de méthodes de recueil, de mise en forme et de traitement des données. L’objectif défini est de reconstituer à partir des pratiques des profils d’utilisateurs d’Internet. Les résultats sont construits à partir des données de trafic d’un panel de 1140 internautes suivie tout au long de l’année 2000. Plusieurs des résultats analytiques renseignent sur le déroulement des pratiques réelles lors des sessions de la messagerie instantanée. Les premiers se dégagent à partir des données de trafic collectées pour calibrer la durée moyenne des sessions (en minutes) selon le service utilisé. Nous retiendrons que dans 12% des sessions Internet, il y a consultation des messageries instantanées. Les sessions avec accès à ce service utilisé sur Internet durent en moyenne 36 minutes. Les seconds sont extraits de la population des utilisateurs intensifs d’Internet, qui contribue à 85% des sessions enregistrées. Un profil parmi les trois retenus, est identifié comme celui des utilisateurs de « conversation ». Ils représentent 11% de la cohorte extraite. Ces usagers articulent, dans leurs pratiques de navigation sur le Web, consultation de la messagerie électronique et conversation en direct avec la messagerie instantanée et le chat. Le chercheur note que les internautes fortement engagés dans ces bavardages écrits sont aussi ceux qui présentent la plus grande aptitude à jongler entre le Web, le courrier et les dialogues en direct dans une même séquence d’activité. Leur habileté à articuler savamment l’organisation de plusieurs activités, à maîtriser les codes d’écriture propres à chacun, leur donne aussi des statuts d’expert dans les environnements numériques.